Depuis la deuxième révolution industrielle, le pouvoir de l’énergie électrique n’a cessé de grandir donnant aux hommes le pouvoir d’accroître leurs actions, leurs communications, leurs calculs, leurs réflexions, leurs pouvoirs. Aujourd’hui, l’énergie électrique est au centre de toutes nos activités, de toutes les demandes. Car, si elle permet toujours la production de masse, elle s’est engagée, avec l’informatique moderne, vers son raffinement ultime : l’intelligence. Avec le cycle d’œuvres Des Éclairs, Des Courants, Tesla, et les pièces à venir Matrix e et Symphonie e, je me positionne à contre-courant  d’une partie de l’art numérique qui cherche sans arrêt à produire une autre réalité par le biais d’images, de simulations, de metaverses. Je me concentre sur la source de tous ces possibles.

L’énergie électrique que nous utilisons provient d’autres énergies comme le nucléaire, le pétrole, le charbon, l’éolien, le solaire ou la géothermie. L’électricité est particulièrement malléable, se prête à tous les usages. Elle constitue, aussi, le minerai de toute œuvre numérique. L’énergie, présente dans ce cycle d’œuvre, est à la fois le sujet et l’objet. Elle permet de revisiter sa manifestation primaire, d’en faire une matière sonique, de poétiser sa présence jusqu’à prendre conscience qu’un simple flux d’électrons a conduit l’humanité de la maîtrise de la lumière et du mouvement, jusqu’à (bientôt) la création de son double pensant.

Les téléphones portables, les ordinateurs et les écrans se multiplient et consomment toujours plus d’énergie. Même si les ordinateurs modernes nous permettent de plus en plus de choses, ils fonctionnent encore avec des lois physiques immuables, héritées des fondements de l’énergie électrique. Pourtant, nous butons déjà sur la vitesse limite de la circulation de l’électron dans un conducteur. Mais, avant de changer de paradigme, pour passer, peut-être, à la vitesse de la lumière, nous allons encore optimiser ces lois. D’abord, il s’agira de passer par la supraconductivité à température ambiante ainsi que par l‘ordinateur quantique, qui accroîtra considérablement les puissances de calcul de nos machines. C’est avant cela, ou certainement en même temps que cela, qu’arrivera l’I.A.G. (l’Intelligence Artificielle Générale) qui pourra apprendre par elle-même. Elle pourra nous voir, nous entendre et même interagir avec nous. Mais, si son arrivée constitue une étape décisive dans l’histoire de l’humanité, elle ne restera finalement qu’une forme d’intelligence qui dépendra encore des lois physiques, qui régissent l’énergie électrique. Il y a donc fort à parier que l’électricité restera encore au centre de nos vies comme la reine du bal.